Le manifeste

Produire de la ville sur la ville, notre grand défi urbain, écologique et social

Le renouvellement de la ville, longtemps non pensé et grand absent des derniers débats, constitue une solution simple, efficiente et plus qu’urgente pour répondre au double défi de la transition écologique et de son économie.

Adam Oubuih, Président de Victoires Haussmann SGP, détaille pourquoi faire la ville sur la ville est peut-être la plus grande opportunité de ce début de XXIème siècle.

Mieux faire la ville, première réponse à l’urgence climatique

Le dernier rapport du GIEC est formel : l’un des outils les plus puissants afin d’éviter de dépasser une augmentation des températures de plus de 2 degrés est d’assurer un urbanisme où davantage de Français habitent près de leur lieu de travail.

La filière du bâtiment est responsable de plus de 30 pour cent des émissions de gaz à effet de serre et, cumulé aux transports, l’enjeu en matière de lutte contre les émissions de CO2 est immense. De plus, la lutte contre l’artificialisation des sols permettra d’accroître les surfaces sur lesquelles nous pourrons favoriser la biodiversité et ainsi augmenter les surfaces susceptibles de retenir le CO2. Tout ceci renforce l’urgence absolue de repenser le modèle de la ville durable et de sa construction et d’anticiper, dès à présent, par une politique à la fois nationale et locale, une ville à la fois plus dense et plus apaisée qui permettra de répondre aux enjeux climatiques.

Mieux faire la ville, premier vecteur de l’égalité des chances

C’est, en premier lieu, apporter une solution à la ségrégation spatiale, première cause de la panne de l’ascenseur républicain : disparition des services de proximité, inégalités d’éducation, phénomène de "l’adresse discriminatoire", faible accessibilité de et vers les zones d’emplois, etc. Faire la ville sur la ville, c’est avoir une prise directe sur une mixité programmatique et urbaine, elle-même vectrice de diversité et, par extension, d’égalité des chances.

Repenser la ville constitue aussi un formidable vecteur de compétitivité et de pouvoir d’achat. Le budget moyen du logement représente 30 pour cent des dépenses des ménages en France, contre 10 pour cent en Allemagne. Cette situation est liée à une pénurie d’offre dans les zones tendues, alors même que la France est moins dense que notre voisin d’Outre-Rhin.

Cumulé à la lutte contre les passoires thermiques pour alléger l’impact du coût de l’énergie, libérer une partie du pouvoir d’achat sur le logement constitue un vecteur de croissance très important : augmentation du pouvoir d’achat non contraint, facilitation de la mobilité des actifs, renforcement de la filière française en matière d’innovation urbaine qui, à son tour consolidera nos avantages compétitifs, notamment à l’international. Enfin, lutter contre l’étalement urbain permet de limiter les coûts pour les collectivités liés à l’allongement des réseaux routiers, d’électricité, d’eau… et de réduire l’empreinte carbone et les coûts de transport.

Mieux faire la ville, pilier d’une croissance au service du réel

Comment ? En levant des fonds susceptibles d’investir dans l’ensemble des territoires et de générer des emplois à la fois qualifiés et non qualifiés, et surtout non délocalisables partout en France.

Faire la ville sur la ville permettrait ainsi de recréer de la croissance, d’accélérer le verdissement et la numérisation de la filière tout en renforçant les atouts de notre économie, sans que cette relance ne soit captée majoritairement par des économies concurrentes. Par ailleurs, de nombreux investisseurs étrangers, y compris pour des projets industriels de la transition écologique, pointent la carence de foncier et de son financement comme un frein majeur. Là encore, la responsabilité urbaine porte en elle tout un panel de solutions.

Mieux faire la ville, bras armé de nouveaux emplois durables et d’excellence pour tous.tes

Repenser la ville contribuera enfin à relancer l’ascenseur social. Secteur emblématique, la construction constitue un secteur propice pour être précurseur de la transformation des filières professionnelles en filières d’excellence. Les liens entre la filière du bâtiment et les filières d’enseignement sont déjà nombreux et le secteur fait figure de modèle en matière de mobilité sociale. Les filières techniques, peuvent, quant à elles, amener et créer des ponts avec les filières de formation des ingénieurs et être renforcées. Enfin, la densification permettra, en augmentant l’offre de logement abordables dans les centres villes, de renforcer la mixité sociale à la fois dans les quartiers et à l’école et d’en améliorer ainsi les résultats.

Mieux faire la ville, une chance pour la France et les Français

Une excellence à la française qui conjugue savoir-faire technique de la filière, diplomatie économique sur un modèle précurseur pour la lutte contre le changement climatique et capacité à tirer profit de la financiarisation de la filière pour attirer des capitaux étrangers. Une relance de la ville serait enfin une modalité concrète pour relancer l’économie et l’aider à répondre à ses lacunes : numérisation, financiarisation, augmentation de la mobilité, transition écologique. Une telle relance permettrait enfin de reconstruire une relation de confiance entre l’Etat et les collectivités et d’être précurseur d’un nouveau modèle de coopération entre l’Etat et les territoires.